Croire au merveilleux

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César ne va pas bien. Depuis deux ans que Paz, son grand amour, la mère de son fils, est décédée, il ne sort pas de son chagrin, taraudé par cette question lancinante qu’il ne cesse de retourner dans tous les sens : les avait-elle quittés pour de bon, ou allait-elle revenir ?
On comprend donc que César ne va pas bien. Pire, le voilà qui tente le suicide. Sa nouvelle voisine, Nana, grecque, érudite, qui lit Homère en VO et mystérieuse, arrive à point nommé, le sauvant in extremis des barbituriques et – peut-être ? – de son deuil qui s’éternise.

« Son visage s’éclaire. C’est assez solaire, mais pas assez pour dissiper la nuit. »

Christophe Ono-dit-Biot, c’est un peu le Jason Bourne de la littérature. Il nous entraîne de la Côte Amalfitaine au Japon, sans oublier notre belle Paris, meurtrie par les attentats. Que de voyages, tous plus magnifiques les uns que les autres. Ici, point de cascades époustouflantes ni mitraillettes, mais – encore mieux ! – anecdotes savoureuses où la mythologie grecque rencontre le contemporain, personnages uniques et imprévisibles qui habitent joliment et entièrement le roman, style et écriture d’une justesse parfaite, qui ne cèdent jamais au pathos, riche, imagée, intelligente, dont je me suis régalée.

Ce qui m’intrigue par dessus tout, c’est César. Narrateur imparfait et arrogant qui se donne toujours le beau rôle. Même seul, face à lui-même, il n’est jamais vraiment honnête. Et je trouve cela fascinant. Enfin, un personnage, un vrai, avec des vraies contradictions, des vraies questions, une vraie matière. Autant dans Plonger, il m’avait énervée avec son étalage de savoir, autant ici, il m’a plutôt émue, sous son nuage de tristesse et avec ses aventures de Morlamock. C’est un veuf, un père, sauvé par son enfance, car c’est en se rappelant l’enfant curieux, passionné de mythologie qu’il était, qu’il trouve la clé de la guérison.

« Contre le temps qui dévore, seule notre enfance, ce qu’on y puise, peut nous sauver. »

La première chute m’a déçue, elle m’a même un tantinet énervée (je l’avais vu venir de loin). Non ! Impossible que mon Jason Bourne de la littérature se complaise dans une fin aussi basique. Puis, la seconde chute, la vraie, l’apothéose, le bouquet final, celle-là m’a surprise. Je l’ai trouvée tellement belle, parfaite, grandiose que j’ai tout pardonné.

Croire au merveilleux est un immense coup de cœur. Merci Mr Ono-dit-Biot d’avoir écrit un tel livre, cela a été un vrai bonheur de lecture.

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