Je retrouve avec plaisir la plume de François-Henri Désérable, dont j’avais adoré Un Certain M. Piekielny. C’est un auteur qui prend plaisir à fouiller le passé, à lire entre les lignes des vies de grands hommes pour en extraire une atmosphère, un destin, qu’il compose en pointillés, qu’il complète de recherches, qu’il fait renaître. Magistral.
Ici, le lecteur plonge dans la vie d’Évariste Galois, prodige des mathématiques, qui révolutionnera les sciences à titre posthume car il meurt bêtement à vingt ans dans un duel. On sait peu de choses de lui, de sa mort ; l’auteur compose donc avec beaucoup d’inconnu et de suppositions.
Dans ce deuxième roman, la plume de F.-H. Désérable est déjà très agréable. Déliée, érudite, drôle, proche du lecteur. C’est un réel plaisir de lecture. Il a le talent rare de faire entrer le lecteur dans son livre, de faire de lui son compagnon de voyage. Il a une voix, un style bien à lui. La fin est prodigieuse, le talent de l’auteur prend son envol.
Toutefois, je dois avouer que l’exercice d’interpellation du lecteur m’a laissée sur ma faim. L’adresse à la lectrice m’a peu convaincue, la scène d’amour m’a franchement déplu. J’ai trouvé cela cru et vulgaire, et surtout dommage, car cela n’apporte rien au livre, à l’intrigue.
Évariste est un farouche républicain dans une période historique tumultueuse, entre les royalistes, Napoléon, la Monarchie de juillet, etc. C’est déjà sacrément compliqué à la base, il m’a manqué des explications claires pour comprendre les tenants et les aboutissements. J’étais un peu perdue, je n’ai pas saisi les enjeux de sa prise de position politique. Les analepses, les sauts dans le temps voulus par l’auteur, les rapprochements entre Robespierre et Évariste m’ont plus embrouillée qu’autre chose.
Bref ce ne sont que quelques bémols, car je suis titilleuse. Il a placé la barre tellement haut avec Un Certain M.Piekielny, son roman de la rentrée littéraire 2017 (que j’avais adoré, je vous l’ai déjà dit, non ?). Et surtout, mes yeux de correctrice ont constaté deux ou trois non-sens et pléonasmes qui m’ont chagriné (exemple : s’avérer nul).
Je suis bien curieuse de voir comment l’écriture de F.-H. Désérable évoluera, comment son style se bonifiera avec les années. Et surtout, quittera-t-il l’exercice parfaitement maitrisé après trois livres (je n’ai pas encore lu le premier) de la biographie romancée ? Suspense !
Vous l’avez lu ? Vous avez aimé ?
À la semaine prochaine pour une nouvelle chronique (si mes filles me laissent un peu de temps pour rédiger un billet, vive les vacances !)