Après D’après une histoire vraie et Rien ne s’oppose à la nuit, deux romans qui m’avait bluffée, je poursuis ma découverte de l’œuvre de Delphine de Vigan avec Les Heures souterraines.
Avec des mots justes, elle nous raconte le calvaire de deux personnages : Mathilde, qui subit depuis neuf mois le harcèlement moral de son patron et Thibaut, médecin-urgentiste blasé et solitaire qui sort d’une rupture.
Ce n’est pas, mais alors pas du tout, un roman optimiste ni drôle. À l’image du titre, on est dans les bas-fonds de la solitude, de la tristesse humaine. L’ambiance est morose, sombre. Une forte atmosphère lourde, remplie d’inertie se dégage de ce livre, comme si les personnages étaient englués, empêtrés dans leur vie. On a comme une envie de soulever la chape de plomb qui s’abat sur eux et de leur faire écouter un petit Happy de Pharrell Williams, histoire de les secouer un peu !
Seuls dans leur travail, seuls dans leur vie, Thibaut et Mathilde se répondent au fil des pages (mots pour mots, comme un dialogue qui s’instaure entre eux), pour au final, malgré un faux suspense décevant, à peine se croiser et ne pas influer sur la vie l’un de l’autre. Cela aurait été trop facile, certes ; on n’est pas chez Jane Austen, là ! Mon côté optimiste et un brin fleur bleue, il faut bien l’avouer, a le sentiment de s’être fait avoir en beauté.
À l’image de ses personnages, j’ai trouvé que le livre, l’histoire manquait d’ampleur, que cela restait étriqué. Et parfois, certains passages m’ont apparu convenus et passe-partout. Comme ces innombrables clichés sur la ville de Paris, monstre tentaculaire qui condamne ses habitants à la solitude.
« Emporté par le flot dense et désordonné, il a pensé que la ville toujours imposerait sa cadence, son empressement et ses heures d’affluence, qu’elle continuerait d’ignorer ces millions de trajectoires solitaires, à l’intersection desquelles il n’y a rien, rien d’autre que le vide ou bien une étincelle, aussitôt dissipée. » Bonjour l’ambiance.
Je dois avouer que je suis déçue par cette lecture, qui manque d’envergure, surtout comparée à ses deux derniers romans.