D’après une histoire vraie

 

vigan

Il y a quelques années j’ai lu « Rien ne s’oppose à la nuit« , que j’avais beaucoup apprécié… Avec le temps, je ne me souviens plus très bien de l’intrigue, des personnages. Seule l’atmosphère pesante me revient, j’ai un souvenir flou, amoindri. Je crois que je n’avais pas mesuré le talent de son auteur. Avec la lecture de « D’après une histoire vraie », je réalise combien j’ai eu tort, car ce livre m’a tout simplement bluffé.

Je ne m’attendais à rien en ouvrant ce livre. Si ce n’est une certaine qualité, vue les critiques et les prix reçus l’année dernière. Du contenu, je ne savais rien, sauf la quatrième de couverture (qui se résume à une phrase : « Tu sais parfois, je me demande s’il n’y a pas quelqu’un qui prend possession de toi. » Pas grand chose à se mettre sous la dent). Tant mieux. Car dès la première ligne, j’ai été happée dans le récit de Delphine.

Le ton employé par l’auteur m’a séduite, la proximité qu’elle met en place avec le lecteur, cette impression de lire une confession, un journal intime où sont disséminés des indices sur l’escalation et le dénouement de cette étrange amitié. L’écriture est magistrale, la construction est machiavélique et parfaite ! Jusqu’au tout dernier mot, Delphine de Vigan tient son lecteur en apnée.

La dissection des deux personnages principaux (Delphine et L.) : le « paraître » (la façon de marcher, de s’habiller, de parler) au « être » (sa propre introspection, ses doutes de femme, d’écrivain, son rôle de maman, ses secrets, ses confessions), ses questionnements sur l’écrivain, son rôle et ses responsabilités, l’écriture et ses mécanismes, tous ces éléments tissent un voile d’illusion angoissant où se perd le lecteur. Celui-ci est en état d’alerte constante.

C’est un thriller psychologique angoissant, où l’auteur met en scène son alter ego et perd son lecteur entre le réel et la fiction. Chaque confession, chaque détail de sa vie privée est réfléchi, témoignant d’une maîtrise diabolique du récit et de la lecture qu’on peut en faire. Le lecteur est manipulé, du début à la fin, sans même s’en rendre compte. Même le titre est une manipulation. Tout est manipulation. Bravo, c’est vraiment très bien mené !

Pourtant, j’étais prévenue :
« Toute écriture de soi est un roman. Le récit est une illusion. Il n’existe pas.« 

Sans parler des exergues de Misery de Stephan King en début de roman qui nous donnent le ton.

6 commentaires

Un petit mot ?

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s