Le Jour d’avant #rl2017

chalandon

D’un point de vue littéraire, l’année 2018 commence vraiment très bien. Pour le moment, je n’ai que des coups de cœur, ou des quasi-coups de cœur ! C’est le cas du roman Le Jour d’avant de Sorj Chalandon, un livre formidable. Un quasi-coup de cœur.
Je dis quasi parce que j’ai eu le malheur de lire, par mégarde, les dernières lignes. Elles se sont jetées sous mes yeux alors que je n’avais rien demandé. Après, le roman n’avait pas la même saveur, je connaissais le dénouement, plus de surprise, plus d’anticipation, ma lecture en a été gâchée.

Cela étant dit, ce livre est vraiment excellent. Fort, poignant. Diablement bien écrit. Sorj Chalandon fait revivre la mine sous sa plume. On entend le souffle rauque de ceux qui descendent, minés par la silicose. On imagine leur souffrance, leurs peurs, l’abattement qui se transforme en désespoir au fil des ans. Ce livre est un hommage aux miniers, à ceux que la mine a pris, aux quarante-deux morts de l’accident de Liévin du 27 décembre 1974, à ceux qui n’y sont pas morts mais que la mine a pris plus tard – car la mine réclame son dû un jour ou l’autre, personne n’en réchappe.

« Je dessine le grand printemps d’hier, le soleil de la misère.
Et la terre de mon père qui inonde le ciel. 
»

Et puis, il y a Michel Flavant, notre narrateur. La mine lui a pris son grand frère, son héros, en ce funeste jour du 27 décembre 1974. Ce perte va conditionner sa vie entière – pas facile de grandir avec cette tristesse, cette haine de la mine et des patrons. Pendant des années il va ruminer cet accident jusqu’à ce qu’il décide de se venger de ceux qui, par leur négligence, par leur obsession du rendement, en sont responsables.

« Venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, mort en paysan. Venger ma mère, morte en esseulée ; j’allais tous nous venger de la mine. Nous laver des Houillères, des crapules qui n’avaient jamais payé leurs crimes. (…)
Rendre justice aux veuves humiliées, condamnées à rembourser les habits de travail que leurs maris avaient abîmés en mourant. »

Je n’en dis pas plus. Ce roman est plein de surprises, de rebondissements. Sur fond historique et à partir de faits réels, l’auteur tisse une œuvre de fiction très réussie. On pense cerner la vérité qu’aussitôt elle se dérobe. Rien n’est ce qu’il paraît. C’est très très fort. Ce roman m’a vraiment marquée, j’y ai pensé longtemps après l’avoir refermé. Il m’a collée à la peau, à l’instar de la poussière de charbon qu’il fait revivre. Un coup de maître ! 

Vous l’avez lu ? Vous avez aimé ?

Si vous ne l’avez pas encore fait, je vous y invite. Mais, surtout, quoique vous fassiez, ne lisez pas la dernière page !

2 commentaires

  1. Quel roman ! Quel auteur ! Il est un des mes écrivains préférés, pour sa puissance, sa plume, et cette colère qui nourrit ses écrits ! Certainement mon roman préféré de Sorj !

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