♥♥ – 2/5
Qu’un tel homme soit méconnu est inouï. Heureusement Patrick Deville le sort de son « anonymat ».
Parmi les jeunes chercheurs qui ont constitué la première équipe de l’Institut Pasteur créé en 1887, Alexandre Yersin aura mené l’existence la plus mouvementée. « Ce n’est pas une vie que de ne pas bouger », écrit-il. Très vite il part en Asie, se fait marin, puis explorateur. Découvreur à Hong Kong, en 1894, du bacille de la peste, il s’installe en Indochine, à Nha Trang, loin du brouhaha des guerres, et multiplie les observations scientifiques, développe la culture de l’hévéa et de l’arbre à quinquina. Il meurt en 1943 pendant l’occupation japonaise.
Le destin de cet homme est très atypique et intéressant, sa découverte du bacille de la peste l’envoie dans la cour des grands qu’il préfère éviter en se consacrant à ses passions scientifiques diverses et variées en Asie. Pour autant, cet homme demeure peu attachant au fil de la lecture. Peut-être est-ce le sort des Grands Hommes.
L’écriture et le style sont assez déroutants de premier abord : les phrases courtes et percutantes de l’auteur m’ont beaucoup plu. L’alternance de temporalité dans le récit oeuvre à apporter du « suspense » au destin hors du commun de ce scientifique. Mais à trop l’utiliser, on s’en lasse et l’entrain à lire en est diminué.
Deux choses m’ont fortement déplu dans ce livre : tout d’abord la mise en parallèle le destin de Rimbaud et de Yersin m’a semblé tiré par les cheveux. Ils ont en commun leur soif d’aventures et de voyages, et la solitude de leur vie (et peut-être leur homosexualité). Mais pour moi, les analogies s’arrêtent là. Je ne comprends pas l’objectif de l’auteur à relier ces deux personnages.
Mais l’apothéose reste ce mystérieux « fantôme du futur » qui croise Yersin au fil des pages et prend des notes… L’auteur se glisse dans son roman et j’ai trouvé cela NUL. Cela n’apporte rien à l’intrigue et si c’est un clin d’oeil, il est raté !
« Yersin est un homme seul. Il sait que rien de grand jamais ne s’est fait dans la multitude. Il déteste le groupe, dans lequel l’intelligence est inversement proportionnelle au nombre des membres qui le composent. Le génie est toujours seul. Le conseil atteint à la lucidité du hamster. Le stade à la perspicacité de la paramécie. »
J’écris cette note plusieurs mois après avoir lu le livre et je peine à m’en rappeler… je garde le souvenir d’un livre fastidieux et sans substance.
Tout à fait d’ accord avec cette pertinente analyse.Le manque de simplicité dans la structure de l’ ouvrage -retours en arrière trop fréquents qui gênent la fluidité et la compréhension du récit , la volonté de faire des rapprochements peu évidents
( Rimbaud ) font que l’on a l’ impression de passer à côté d’ un personnage intéressant pour qui malheureusement le lecteur éprouve peu d’ empathie .