Le Capitaine Fracasse

« Pour l’amour d’une ingénue d’une troupe de comédiens nomades, le jeune baron de Sigognac, qui se morfondait au château de la Misère en compagnie d’un valet, d’une haridelle, d’un chien et d’un chat, joue sur les tréteaux le rôle de Matamore, le « tranche-montagne ». Il prend le nom de Capitaine Fracasse, suit la troupe à Paris et dispute Isabelle à son déloyal et puissant rival, le duc de Vallombreuse« .

J’avais la nostalgie des romans de cape et d’épée, d’Alexandre Dumas, de cet honneur disputé au fil de la lame. J’ai été servie avec ce magnifique roman, comparable à nul autre.
L’écriture est simplement sensationnelle, tout en finesse. C’est vivant, c’est drôle.

Les personnages sont haut en couleur, leurs portraits sont dignes des peintures que l’on peut admirer dans les musées : un seul regard et on devine ce qui se cache derrière quelques coups de pinceaux. « Ce personnage offrait la particularité d’avoir la face d’une blancheur blafarde comme si elle avait été saupoudrée de farine, et le nez aussi rouge qu’un charbon ardent. De petites fibrilles violettes le veinaient et témoignaient d’un culte assidu pour la Dive Bouteille (…) Ce masque bizarre ressemblait à un fromage où l’on aurait planté une guigne. Pour achever la portraiture, il eût suffi de deux pépins de pomme à la place des yeux et d’une mince estafilade représentant la bouche fendue en tirelire« .

L’histoire est rocambolesque à souhait : duels à l’épée, rapt de jeunes filles innocentes et honorables, attaque sur les grands chemins, amours contrariées. Tout y est.
On passe un merveilleux moment en compagnie du Capitaine Fracasse et de la troupe de théâtre. Le méchant est un vrai méchant, sans vergogne, sans sens de l’honneur et sans peur. Le gentil est le Prince Charmant de notre enfance.
Passés les premières pages, assez difficiles, qui décrivent le château de la Misère dans sa minutie, on n’est jamais déçu. L’écriture est drôle et riche. L’auteur a le sens du détail, de la minutie. Chaque détail, chaque personnage contribuent à rendre ce livre plus vivant. On est embarqué dans cette histoire, on tremble pour Isabelle et Sigognac, et leur amour malmené par de Vallombreuse.

Le rebondissement final n’est pas une surprise, mais cela n’ôte rien au charme du livre (on se doute toujours que l’ingénue sans le sou, au père inconnu, est forcément fille de prince, c’est le propre des contes de fées !) et on a hâte de connaître le fin mot de l’histoire (épousera, épousera pas)…

Un très agréable moment, un magnifique roman et des personnages magiques ! A découvrir !!

Le Capitaine Fracasse – Théophile Gautier – Les Classiques de Poche

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