Le Grand Marin

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Lus dans un magazine, ces quelques mots de Catherine Poulain sur le processus d’écriture de son magistral « Le Grand Marin » :

« Les mots ne voulaient parfois rien dire, mais j’étais dans leur musique » .

Et quelle musique ! Oeuvre singulière, dure, chantante et poétique, brute. Brute surtout. Ce roman c’est la puissance de l’océan face à la petitesse des hommes, c’est vivre, ou plutôt se sentir exister, aller jusqu’au bout de soi, jusqu’à l’épuisement. Etre face à la mer, face à soi, à l’immensité bleue, et vouloir mourir ?

« Les casiers géants qui basculaient dans les flots… L’océan bouillonnait, c’était comme être au coeur d’un volcan,, les vagues faisaient des rouleaux noirs, on aurait dit de la lave, jamais ça s’arrêtait… Ca m’appelait. Je veux être dedans moi aussi. C’est là qu’elle est la vie. (…) -Je veux me battre, je continue dans un souffle, j’veux aller voir la mort en face. Et revenir peut-être. Si je suis capable. »  

Ce roman, c’est Lili, une femme courageuse, folle aussi parfois, qui veut vivre au milieu de ces hommes rudes et larges, qui fait le même travail qu’eux, qui lutte pour trouver sa place, pour prendre sa place.

« J’étais venue seule, de très loin, je voudrais qu’un bateau m’adopte je murmurais dans le grand silence venteux de mes premières nuits, allongée sur le sol de la maison de bois, à regarder le ciel obscur (…), je voudrais qu’un bateau m’adopte. Et j’embarquais, j’avais trouvé mon bateau, plus noir que la nuit la plus sombre. Les hommes à bord y étaient rudes et larges, ils m’avaient pris ma couchette, jeté mon sac et mon duvet à terre, ils criaient, j’avais peur, ils étaient rudes et forts, ils étaient bons, si bons pour moi, ils m’étaient tous le bon Dieu quand je levais les yeux sur eux. J’avais marié un bateau. Je lui avais donné ma vie. »

C’est une histoire d’amour, entre deux perdus de la vie, qui se raccrochent l’un à l’autre, et l’appel de la mer, de la liberté, de la solitude. C’est l’appel de l’alcool, des drogues sitôt la terre foulée, et cette hâte dévorante de repartir en mer pour y échapper.

« Car il est le pêcheur, pour moi il est le seul. ll sait tout, Jude. Sa puissance ne tient pas à la largeur de ses épaules, ni à la taille de ses mains, elle est dans son cri, l’écho de sa voix lorsqu’elle se perd dans la vague et le vent, lui debout, narines dilatées, seul dans son tête-à-tête avec la mer, seul toujours dans la manière de regarder le ciel, de sonder les flots comme s’il y lisait quelque chose – ou rien, peut-être n’y voit-il qu’un grand désert qui s’étend, sans fin, dans les cris hennissants des goélands qui s’élèvent en rafales comme des chevaux de vent. » 

C’est une lecture intense et irrésistible. Inattendue et inoubliable.

(oui, je conseille sans hésitation).

 

 

2 commentaires

  1. Ca y est je l’ai lu ! Et j’ai adoré aussi !! Pour le coup moi qui suis très éloignée de ce monde (et qui ne suis pas très casse-cou) c’était vraiment une grande aventure, un peu par procuration car son caractère est vraiment opposé au mien, et en lisant sa bio j’espère qu’elle écrira d’autres livres sur ses autres vies !

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