Elle s’appelle Emma Bovary et son histoire est célèbre.
Amoureuse de l’amour, elle a vécu d’illusions, trompé son mari et ruiné son ménage. Dans un geste de désespoir, elle se tue en absorbant une forte dose d’arsenic – c’est du moins ce que prétendra Flaubert. Or c’est un fait reconnu que l’arsenic, en une seule prise, n’est presque jamais mortel… Voici ce qui s’est réellement passé : au chevet de la jeune femme, cieux médecins ont été appelés. L’un, le docteur Canivet, relève des traces discrètes de contusions ; l’autre, le professeur Larivière, pourra témoigner des derniers mots chuchotés par Emma : « Assassinée, pas suicidée. » Deux policiers de Rouen sont dépêchés à Yonville afin d’élucider l’affaire.
Et les voilà bientôt nantis de plusieurs suspects possibles : un mari cocufié, un prêteur sur gages, deux femmes de caractère, un cynique libertin, un pharmacien concupiscent… Dans le décor médiocre et petit-bourgeois où Emma suffoquait d’ennui, Philippe Doumenc orchestre une contre-enquête brillante et talentueuse – un vrai et noir roman qui nous révèle enfin ce que Flaubert lui-même feignait d’ignorer.
Dès les premières lignes, on retrouve la Normandie du 19e siècle. On prend le chemin de Yonville avec Rémi, inspecteur de police, pour enquêter sur la mort de Madame Bovary, rendue suspecte par son docteur.
On retrouve avec nostalgie tous les personnages de Flaubert : Rodolfe ce vieux garçon séducteur et désinvolte, Monsieur Bovary ce benêt, aveugle et malgré tout attendrissant par moments, le pharmacien par qui le mal est arrivé, et tous les protagonistes petit-bourgeois responsables de la chute d’Emma.
J’ai lu Mme Bovary il y a quelques années, je n’en ai qu’un souvenir flou. Les images du film avec Isabelle Huppert se superposent à mes souvenirs imaginatifs. Je ne me rappelais plus vraiment des personnages, mais l’histoire restait vivace dans mon esprit.
L’écriture de Philippe Doumenc m’a plu, m’a rappelé Flaubert par moment, sans parvenir à l’égaler. L’atmosphère de « Madame Bovary » est bien retranscrite.
Cette lecture m’a plu, l’histoire derrière l’Histoire. Mais quelque part, c’est surtout Flaubert qui m’a captivé.
« Mais naturellement ma pauvre Bovary s’est bien empoisonnée elle-même. Tous ceux qui prétendront le contraire n’ont rien compris à son personnage !… Comment ne pas se suicider si l’on a un peu d’âme et que le sort vous condamne à Yonville » Gustave Flaubert, Correspondance avec George Sand. (introduction du livre de Philippe Doumenc).
Contre-Enquête sur la mort d’Emma Bovary – Philippe Doumenc – Editions Babel