Mon père, grand amateur de polars sombres et à l’humour noir, m’a conseillé ce livre. En général, cela suffit pour que j’ai un bon a priori et me lance tête baissée dans l’histoire.
« On ne sortait des Suicides qu’à la retraite, par démission, via une dépression ou en finissant soi-même avec son are de service dans la bouche. De ces options, toutes étaient souhaitées à Guérin, dans un ordre variable. Mais celle que personne n’avait envisagée était qu’il s’y sente comme un poisson dans l’eau. C’était arrivé. Résultat, le lieutenant Guérin flanqué de son stagiaire, Lambert — avait ajouté à la haine de ses collègues la répulsion viscérale qu’inspirent les pervers, lorsque, plongeant dans ce qui répugne à tous, ils semblent s’y régaler. » Ailleurs en France, au bord d’une rivière, John Nichols, un Franco-Américain installé dans un tipi, est convoqué à la gendarmerie de Saint-Céré. Là, on lui apprend la mort de son ami américain, Alan Mustgrave, intervenue alors qu’il s’écorchait en direct sur une scène du Paris underground, fort cotée pour ses spectacles sado-maso.
Ce fut le cas ici… Un inspecteur banni aux Suicides, des tensions au sein de la police, un fakir qui meurt sur scène, un américain perdu dans le Lot qui vit dans son tipi… C’est original, voilà de quoi faire un bon roman.
L’intrigue en elle-même est bien ficelée. Deux histoires se recoupent : celle de l’inspecteur Guérin aux suicides, et celle du fakir. Le rythme est haletant, on ne s’ennuie pas une seconde.
Les personnages sont vraiment atypiques, complexes et tout sauf conventionnels. Ils sont décalés mais attachants. L’inspecteur Guérin est au ban de la police, suite à une sombre affaire non résolue. Ce personnage est vraiment intéressant – sombre, paumé, intelligent et névrosé.
Néanmoins, c’est flou. Flou parce que l’auteur se perd dans ses histoires. Flou parce que confus (trop de scènes inutiles, qui ne servent pas l’histoire, sauf pour apporter un brin d’érotime, ou un suicide vraiment spectaculaire). Flou parce que improbable (j’ai entendu dire que Vargas c’était un peu Alice au Pays de la Police, ici c’est le contraire : les personnages sont trop torturés pour être réels).
Ou alors je suis trop naïve.
Une suite serait-elle présagée ? Le mystère du trio toujours présent sur des scènes de suicide reste entier. La théorie est intéressante. Antonin Varenne ne peut en rester là !
Lirais-je la suite ? Peut être… Pour ôter cette impression de flou.
Antonin Varenne – Fakir – Editions Viviane Hamy – avril 2009