« Voici l’histoire des premiers pionniers suédois partis conquérir l’Amérique et comment leur vint l’idée de s’expatrier : Kristina et Karl Oskar, jeune couple héritier d’une terre aride qui ne parvient guère à nourrir les huit bouches de la maisonnée ; Robert, le frère de Karl Oskar, un contemplatif qui aspire à la liberté… placé comme valet de ferme alors qu’il ne rêve que de l’Amérique ; son compagnon d’infortune, Arvid ; l’illuminé Danjel Andreasson, digne héritier de son ancêtre condamné pour hérésie ; et la catin du village, Ulrika de Västergöhl, dont on se détourne quand on la croise, mais qu’on vibre de visiter la nuit, incognito…
Les paysans du Småland, province du sud-est de la Suède, vivaient paisiblement de leurs terres. En dehors des naissances, des mariages, des enterrements, ils ne connaissaient guère d’autre péripétie que l’alternance des saisons.
Vers le milieu du XIXe siècle, cet ordre immuable commença à trembler sur ses bases. Les terres sans cesse divisées par les héritages vinrent à manquer. Et les échos venus d’au-delà de l’Océan donnèrent des envies de liberté.«
Cette saga des émigrants est une oeuvre gigantesque. Huit tomes de l’histoire des ces pionniers, de la prise de décision de partir à leur mort paisible (ou pas). On suit le quotidien, les espoirs, les naissances et accouchements, les dilemmes religieux de ces Suédois partis à l’autre bout du monde.
D’abord, cette histoire est véridique, certes romancée, mais l’auteur s’appuie sur des faits réels.
Ces premiers émigrants suédois ont réellement existé. Ils ont fait le pari en 1850 de changer de vie, de pays et de continent. Tout quitter pour tenter leur chance ailleurs. Et cet ailleurs, ce n’est pas rien. C’est plus de huit semaines de traversée en bateau, entassés comme des sardines, victimes du mal de mer. Et une fois arrivés, tout rebâtir de zéro. Je ne peux qu’admirer leur courage.
C’est bien écrit – vocabulaire un peu désuet parfois (la saga a été écrite de 1949 à 1959), mais l’histoire prend le pas sur certaines « imperfections » dues au « vieillissement » du livre.
On découvre beaucoup de choses : la Suède en 1850 – un pays figé dans sa royauté et son clergé, le dur métier de paysan, les relations Indiens – Américains (et c’est pas joli joli)… Bref c’est un vrai voyage au 19e siècle.
Deux choses néanmoins m’ont déplu :
– les 100 dernières pages : je les trouve inutile – il faut savoir finir un livre et ne pas continuer indéfiniment.
– la religion, mais surtout Kristina et la religion. Du fond de mon 21e siècle, de mon éducation athée (je ne dis pas que j’ai raison ou tort), mais j’ai eu beaucoup de mal à comprendre la piété, dirais-je bigoterie ?, de Kristina, qui est empêtrée dans son rapport à Dieu : elle remet sa vie entre ses mains et ne fais confiance qu’à lui. Son mari a beau s’échiner sur ses terres pour sortir sa famille de la misère, c’est Dieu, et non lui, qu’elle remercie. Selon elle, son mari n’a rien fait. C’est à Dieu qu’ils doivent tout.
J’ai beaucoup mal à comprendre un tel état d’esprit et telle apathie.
Je ne peux que recommander ce livre si vous êtes curieux de découvrir un pan d’histoire méconnue : l’émigration des premiers suédois vers le Nouveau Monde. Vous embarquerez pour un beau voyage.
La saga des émigrants :
Tome 1 : Au Pays
Tome 2 : La Traversée
Tome 3 : La Terre Bénie
Tome 4 : Les Pionniers du Minnesota
Tome 5 : Au Terme du Voyage
Livre de Poche, parutions françaises 2002 – 2004
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