Écrit en 1838, soit bien avant la notoriété, Pauline est le premier roman d’Alexandre Dumas. Premier essai où l’on sent le souffle de l’aventure et l’ampleur romanesque qui présagent ses futurs chef d’œuvres. Mais Alexandre Dumas n’en est pas encore là.
Malgré un style « dumasien » unique – quoiqu’encore étriqué – et son talent sans pareil pour conter les drames, mettre en lumière les situations, habiller les moments et décrire les évènements, Pauline est une déception.
Déjà par le choix du récit rapporté. Les différents niveaux de narration rendent la lecture laborieuse et nuisent à la fluidité de l’intrigue, en cassant le rythme.
À cela, s’ajoutent les personnages franchement antipathiques.
L’héroïne, Pauline, est tellement soumise et naïve, que cela contrarie mon bon sens. Elle se fait épouser sans y consentir, se fait tuer sans protester et ne cherche pas à se venger ? Elle suit une logique tragique tellement paralysante que cela l’empêche de renverser les rôles et rétablir la justice.
Endossant l’habit du sauveur au grand cœur, De Nerval, amoureux transi au caractère inactif, sans aucune contradiction, désœuvré et fataliste, qui se satisfait de son immobilisme. Le duo gagnant !
« Si je n’étais pas un amant, j’étais plus qu’un ami, plus qu’un frère ; j’étais l’arbre auquel, pauvre lierre, elle s’abritait, j’étais le fleuve qui emportait sa barque à mon courant, j’étais le soleil d’où lui venait la lumière. »
Face à eux, dernier protagoniste de ce drame, Horace de Beuzeval, l’illustration de l’homme fatal, sombre figure romantique, diabolique créature, incarnant la duplicité de l’homme mondain le jour / assassin la nuit (sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde).
Tous trois évoluent dans une intrigue tapissée de non-dits : entre Horace qui aime Pauline sans lui révéler sa véritable nature, Pauline qui ne dit jamais rien, sorte de pantin qui s’anime au gré des envies des autres et De Nerval qui hésite, paralysé par sa propre indécision, sa lâcheté et son souci des convenances.
Forcément ici, vous l’aurez deviné, pas de rédemption, pas de sursaut d’honneur, pas de dénouement heureux. On connait la tragique fin de Pauline dès le début du récit. Ce qui renforce l’aspect inéluctable et fataliste de sa destinée.
Ce premier roman dumasien, empreint de mélancolie romantique, se révèle une œuvre profondément pessimiste. Une lecture terne et ennuyeuse, sans rebondissements, qui est sauvée de l’abandon par sa superbe écriture.
« Les larmes sont confiantes, et le sourire est dissimulé ; le sourire c’est le voile sous lequel le cœur se cache pour mentir. »
Je ne connaissais pas ce titre. Même si ton avis est mitigé, j’avoue que je me laisserai bien tenter, juste parce que c’est Dumas.
Comme je te comprends, Dumas est mon #1 ! Il faut lire pour se faire un avis 😉