Bel-Air

♥♥♥ – 3/5

belair

Perchée sur la colline, à l’écart du centre-ville, une cité ouvrière et son bistrot : le Bel-Air. Au comptoir, le patron s’enflamme contre les Arabes du foyer de travailleurs et, depuis le baby-foot, les jeunes reluquent la serveuse en se prenant pour Marlon Brando. Gérard et Franck ont grandi là comme des frères. mais alors qu’une guerre termine en Indochine et qu’une autre débute en Algérie, leurs premiers choix d’hommes vont brutalement les séparer. Bien des années plus tard, alors que le Bel-Air est sur le point de disparaître, une ultime rencontre jettera un éclairage nouveau sur le passé et sur leurs certitude.

Ce portrait dur et réaliste d’une cité ouvrière des années 50 est porté par une écriture chantante et sublime. Lionel Salaün dissèque la vie de quartier où tout se sait, où être raciste ne choque personne (sauf notre narrateur) et où les passages à tabac sont monnaie courante (malheureusement). L’amitié entre Gérard et Franck est mise à mal dans ce contexte délétère et ne s’en remettra jamais.

« S’il est vrai que le fonctionnement de notre communauté, tant en raison de sa situation géographique, en marge de la Ville, que du statut social de ses habitants, ouvriers pour la plupart, petits artisans ou employés subalternes, créait un sentiment fort d’appartenance à la classe qui la composait, avec l’esprit de solidarité, de partage et d’entraide qui en découle, celle-ci souffrait des maux inhérents à toute société évoluant en vase clos, où l’ordinaire de chacun est la pâture de tous. »

Oui mais voilà. Je n’ai pas ressenti d’empathie pour notre héros, le narrateur. En marge de ses amis et de sa vie, il l’est resté aussi dans ma lecture. Il est prisonnier de cette Cité qui l’a vu grandir, d’où il rêve d’une vie meilleure. Mais il ne se donne pas les moyens, ou plutôt il est condamné à revenir en arrière. Cette médiocrité m’a énervée. Et sa fuite orchestrée avec l’amour de sa vie tourne au vinaigre. Quel gâchis ! auquel le rebondissement final (pas très clair) ajoute un sentiment amer d’échec.

C’est un roman triste et dur, où les héros finissent comme la cité qui les a vu naître : détruits.

Livre lu dans le cadre du
Challenge Rentrée Littéraire 2013.
-> 3/6
logorl2013

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