Monsieur Ellory, vous êtes anglais (et roux). Vous décrivez l’Amérique comme personne. J’ai lu « Seul le Silence » il y a quelques mois, et je n’arrive toujours pas à m’en défaire. Il trotte dans ma tête.
Vous avez reçu le prix du Roman Noir par le Nouvel Observateur, et vous le méritez bien !
« Joseph a douze ans lorsqu’il découvre dans son village de Géorgie le corps horriblement mutilé d’une fillette assassinée. La première victime d’une longue série qui laissera longtemps la police impuissante. Des années plus tard, lorsque l’affaire semble enfin élucidée, Joseph décide de changer de vie et de s’installer à New York pour oublier les séquelles de cette histoire qui l’a touché de trop près. Lorsqu’il comprend que le tueur est toujours à l’œuvre, il n’a d’autre solution pour échapper à ses démons, alors que les cadavres d’enfants se multiplient, que de reprendre une enquête qui le hante afin de démasquer le vrai coupable. »
« Seul le silence » est une oeuvre d’exception. Joseph est un petit garçon attachant, un jeune homme remarquable hanté par ces morts qui l’ont privées de son enfance, et un homme perdu, courageux, qui part à la poursuite de ce serial killer. C’est une descente aux enfers pour Joseph.
« New York me battait de ses poings. Mon coeur battait en retour. Dans cette ville serrée comme un poing j’étais aussi un poing serré. Dans ce tonnerre d’humanité, j’étais enfin, irrévocablement, devenu l’homme que j’avais tant voulu être« .
Ce n’est pas tant l’histoire en elle-même qui est spectaculaire, c’est l’écriture. Belle. Poétique. « Son visage était strié de petits plis, pas tant des rides que des points d’affaissement où la force d’invasion du temps s’était approprié le territoire de la jeunesse. Il ressemblait à une photo roulée en boule puis défroissée qui ne serait plus jamais lisse. »
Violente. Sans concession. « Tout en elle lui hurlait qu’elle devait s’enfuit, courir, filer comme le vent, filer comme l’éclair à travers les champs jusqu’à la maison. Mais les bras autour d’elle la serraient, l’étreignaient comme un étau, implacablement, la pression croissait sur sa poitrine, sur sa gorge, et elle avait de plus en plus de mal à respirer, des couleurs scintillaient sous ses yeux, et elle voulait hurler, hurler comme elle ne l’avait jamais fait jusqu’alors, hurler comme une sirène de pompiers, comme un gigantesque oiseau fondant sur sa proie, comme un cheval sauvage, sa crinière voletant derrière lui telles les couleurs de cent armées, se déployant et claquant dans le vent… hurler comme une petite fille craignant pour sa vie.
Huit ans. A quatre cent mètres de chez elle« .
C’est l’atmosphère angoissante, lourde comme une chape de plomb, qui nous tient en haleine, nous fait suffoquer. C’est la pudeur de Joseph lorsqu’il perd ceux qu’il aime.
Tout est dans la plume d’Ellory. Il murmure l’indicible, transforme des enfants de 10 ans en patrouilleurs de nuit, et donne à une plume le visage de la mort.
« Mais cette même nuit, je vis la plume (…) que je la regardai embellir l’air de ses arabesques et de ses courbes, se rapprocher en flottant, puis se poser sur le rebord à portée de main. Je ne la ramassai pas. Je sentis ma gorge se serrer. Je sentis une ombre du passé entrer doucement par la fenêtre ouverte et se blottir contre moi« .
« Seul le Silence » est un livre foudroyant, qui m’obsède encore après l’avoir refermé.
A lire absolument.
Magistral.
L’or des Chambres > oui, allez y, courez chez le libraire, vous ne serez pas déçu !!!
Bravo pour ce très joli blog que je viens de découvrir et surtout de très beaux billets…
Je n’ai pas lue ce livre mais il me tente de plus en plus, je crois que je vais courir chez le libraire… Le style de l’auteur m’a l’air très beau en effet !
A bientôt