Partir en Indonésie pour voyager en Islande, c’est ça la magie de la lecture (au bord de la piscine) !!!
J’ai dévoré deux romans d’Arnaldur Indridason (je l’appelle par son petit nom : Arnaldur, c’est quand même plus simple) : l’Homme du Lac et Hiver Arctique.
J’avais beaucoup aimé ses trois autres romans (d’ailleurs, quelqu’un a vu le film « La Cité des Jarres » ? est-ce que c’est bien ?), que j’avais également lu en vacances… C’est peut être pour ça que j’aime tant cet auteur : quand je le lis, je suis en vacances ! Mon cerveau doit faire des parallèles !
Trêve de divaguations, parlons de l’Homme du Lac – Arnaldur Indridason – Editions A.m. Metailie – février 2008 :
En juin 2000, un tremblement de terre provoque un changement du niveau des eaux du lac de Kleifarvatn et découvre un squelette lesté par un émetteur radio portant des inscriptions en caractères cyrilliques à demi effacées. Le commissaire Erlendur et son équipe s’intéressent alors aux disparitions non élucidées dans les années 60, ce qui conduit l’enquête vers les ambassades des pays de l’ex-bloc communiste et les étudiants islandais des jeunesses socialistes boursiers en Allemagne de l’Est, pendant la guerre froide. Tous ces jeunes gens sont revenus du pays frère brisés par la découverte de l’absurdité d’un système qui, pour faire le bonheur du peuple, jugeait nécessaire de le surveiller constamment. Erlendur, séduit par un indice peu commun, une Ford Falcon des années 60, et ému par l’amour fidèle d’une crémière abandonnée, s’obstinera à remonter la piste de l’homme du lac dont il finira par découvrir le terrible secret.
Ce que j’aime avec Erlendur, c’est sa passion morbide pour les disparitions. Et son obstination à découvrir la vérité. Des fois, comme dans ce roman, ça ne tient qu’à un fil ténu, auquel il s’accroche, instinctivement. L’amour déçu d’une crémière, l’enjoliveur d’une Ford Falcon disparu…
J’apprécie la façon dont Arnaldur décrit l’Islande, ce pays fascinant et inconnu. J’aime ses personnages, le fait de découvrir une facette de l’Islande à chaque roman… Ici, on apprend un peu plus sur la place de l’Islande pendant la guerre froide. Il aborde la présence stratégique des américains et l’espionnage des ambassades soviétiques…
Autant j’avais aimé ses précédents romans avec les histoires parallèles entre passé et présent, autant ici je n’ai pas accroché sur la jeunesse socialiste qui part étudier à Leipzig … Ce n’est plus un roman islandais, sur l’Islande, ses disparitions, sa lande, mais sur l’URSS, le KGB et la délation… J’ai été déçue de l’histoire, je n’ai pas accroché à la partie Guerre Froide du livre… Certes l’histoire est poignante, jeunesse gâchée, amour perdu…mais je ne m’attendais pas à ça, il me manquait le petit plus islandais !
A contrario, j’ai plus accroché avec Hiver Arctique- Arnaldur Indridason – Editions A.m. Metailie – février 2009 :
Un soir glacial de janvier à Reykjavik, le corps d’un petit garçon est retrouvé au pied d’un immeuble de banlieue. Il avait 12 ans, rêvait de forêts, ses parents avaient divorcé et sa mère venait de Thaïlande. Erlendur et son équipe n’ont aucun indice, mais le frère aîné de la victime disparaît avec la complicité de sa mère. Erlendur va explorer tous les préjugés qu’éveille la présence croissante des immigrés dans une société fermée.
Cette fois-ci, Arnaldur change sa narration pour ne rester que sur une version : celle de l’enquête. L’éditeur parle d’un univers à la Simenon, je ne suis pas assez calée en Maigret pour lui donner raison, mais en tout cas, ce roman est différent des précédents.
Ici, est abordé un nouveau thème social islandais : l’intégration des immigrés en Islande. Sujet très intéressant : on découvre le racisme et le nationalisme qui habite certains islandais, et la politique menée pour faciliter l’intégration. Déjà que s’installer dans un nouveau pays n’est pas chose facile, l’Islande est en plus de cela un pays difficile (qui signifie « Terre de Glace » – ça donne envie).
Par ailleurs, la Thaïlande est un pays un peu magique pour moi : j’y ai pensé trois ans étant petite, et j’en garde un souvenir merveilleux… Du coup, je suis déjà à moitié conquise…
L’histoire, en elle-même est émouvante : une mère qui perd son enfant ne peut laisser indifférent. Erlendur est comme à son habitude : renfermé et taciturne. Il est réuni, le temps d’une clope, avec son fils et sa fille (y a du progrès). L’enquête en elle-même permet de soulever le problème du racisme et de l’intégration des immigrés. Le livre met en lumière un pays en crise, qui cherche l’équilibre… Et pire, il pointe du doigts la violence gratuite, commise par ennui…
Un livre sombre, comme son pays. Spectaculaire aussi.
Hello 🙂
Pour « L’homme du Lac », étant fana de géopolitique et donc de guerre froide, j’ai beaucoup apprécié les références à l’espionnage et la façon dont Arnaldur nous a plongé.
Après, évidemment, c’est plutôt déroutant comparé aux policiers habituels du même auteur donc je comprends bien ton point. Comparé à La Voix ou La Cité des Jarres, on n’est plus trop dans l’ambiance pur islandaise qui nous a attiré en premier lieu vers ses livres.
Je pense que la plus grosse différence a surtout à voir avec l’alternement des chapitres : « passé » –> « présent » –> « passé » –> « présent »
(un peu à la manière de Houellebecq dans La Possibilité d’une Ile : http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Possibilit%C3%A9_d%27une_%C3%AEle qui lui jouait sur « présent » –> « futur » –> « présent »–> « futur ») qui peut être légèrement déroutant si on préfère l’enchainement des actions habituels et qui nous pousse encore plus à dévorer ses livres.
Merci pour tes reviews très fraiches 😉
Brieuc